Bailleurs, ministres et constructeurs étaient réunis à Paris pour avancer sur le chantier de la plus grande centrale hydroélectrique du monde.
La construction d’Inga 3 pourrait débuter en octobre 2015.
Semaine après semaine, le projet de barrage hydroélectrique d’Inga 3 renaît de ses cendres. La réunion à Paris, des principales parties-prenantes à ce chantier n’a pas débouché sur des annonces majeures mais a permis de fixer une date pour le début des travaux : octobre 2015.
La réunion était placée sous l’égide de Bruno Kapandji Kalala, ministre des Ressources hydrauliques et Électricité de la RD Congo, qui s’est réjoui que les échanges parisiens aient « permis de lever des options pour que puisse démarrer activement le développement d’Inga 3 Basse Chute. »
Des représentants de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque mondiale, de l’Agence française de développement (AFD) étaient présents ansi que des dirigeants des trois groupements candidats pour le développement du projet : les chinois Sinohydro et Three Gorges Corporation, exploitants du barrage chinois des Trois Gorges, actuellement le plus important au monde ; les espagnols Actividades de Construccion y Servicios (ACS), Eurofinsa et AEE ; et les coréo-canadiens Daewoo, Posco et SNC-Lavalin.
Problématique de financement
Première phase de Grand Inga, Inga 3 Basse Chute fournira 4 800 MW. L’abandon, en février 2012, par BHP Billiton de son projet de raffinerie d’aluminium, qui devait être le principal client et partenaire financier d’Inga 3, avait impacté la faisabilité de l’ensemble. L’engagement de l’Afrique du Sud, qui prendrait 2 500 MW des 4 800 MW de la puissance de la future centrale Inga 3 Basse Chute, a relancé le projet.
Un projet de traité historique avait été paraphé le 7 mars derniers entre la RD Congo et l’Afrique du Sud, à Lubumbashi. « Nous avons concrétisé notre engagement en provisionnant d’ores et déjà ce poste d’achat à notre programme budgétaire », a souligné Garrith Bezuidenhoudt, chef de cabinet au ministère de l’énergie de la République Sud-africaine, selon un communiqué de la RD Congo diffusé le 18 mai.
Le coût de construction estimé pour Inga 3 est de 8,5 milliards de dollars. Le besoin de financement total incluant l’inflation et les frais financiers est d’environ 12 milliards. « La problématique de financement est une donnée majeure du processus de sélection. Ce sont les solutions de financement en partenariat public-privé qui vont être déterminantes pour la réalisation du projet », a expliqué Héla Cheikhrouhou, directeur du département Energie, Environnement et Changement climatique de la BAD, dans le même communiqué.
La compagnie chinoise Sinohydro figure parmi les trois groupements qui sont candidats pour le développement du projet du Grand Inga, le plus grand barrage au monde, projeté sur le fleuve Congo. Le groupe chinois a présenté sa candidature dans le cadre d’un consortium avec son compatriote Three Gorges Corporation. Ce même consortium exploite le barrage chinois des Trois Gorges, actuellement le plus important au monde.
Les deux autres candidats sont les espagnols Actividades de Construccion y Servicios (ACS), Eurofinsa et AEE ; et les coréo-canadiens Daewoo, Posco et SNC-Lavalin, bien que ce dernier partenaire soit exclu pour 10 ans de tout chantier financé par la Banque mondiale.
GDF Suez figure parmi les entreprises associées au projet pour tout ce qui concerne l’ingénierie.
Infos de la BAD:
Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) (http://www.afdb.org) et le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) ont signé à Marrakech, en marge des Assemblées annuelles du Groupe de la BAD, deux accords de don, d’un montant total de 5,250 millions de dollars EU. Paraphés par le premier vice-président de la BAD, Emmanuel Mbi, et le ministre délégué aux Finances de la RDC, Patrice Kitebi, ces deux dons sont destinés à assurer l’assistance technique en faveur du développement du site hydroélectrique d’Inga, sur les rives du fleuve Congo, et s’inscrivent dans le cadre de la Facilité en faveur des États fragiles (FEF).
D’une grande importance dans le processus de réalisation du projet Inga 3 (un barrage destiné à renforcer ceux d’Inga 1 et Inga 2), ces deux dons permettent d’amorcer une phase cruciale de préparation aux plans institutionnel et technique. Du côté institutionnel, une partie de l’enveloppe octroyée contribuera au financement d’une structure nationale et pérenne, chargée de la promotion et du développement du potentiel hydroélectrique du site d’Inga. S’agissant du volet technique, ces ressources serviront à mettre à disposition de la RDC des conseillers juridiques et stratégiques dans le cadre de la mise en place du partenariat public-privé pour le développement de la première phase du Grand Inga (Inga 3). Les prestations de conseil assurées auprès du gouvernement de RDC sont déjà importantes.
Ce nouvel appui du Groupe de la BAD s’inscrit dans la continuité des actions, nombreuses et variées, entreprises depuis 2008 pour aider le gouvernement de la RDC à développer l’immense potentiel hydroélectrique du site Inga, estimé à 44 000 MW environ. Il fait suite au financement, à hauteur de 15 millions de dollars EU, de l’étude de faisabilité qui a défini le schéma de développement du Grand Inga par phases successives, dont la première a été dénommée Inga 3. Cette première étape porte sur l’installation d’une capacité estimée à 4 800 MW – soit, à titre de comparaison, un peu plus que la capacité installée dans toute la Croatie en 2010.
La mise en œuvre d’Inga 3 pourrait profiter non seulement à la RDC, mais à quantité de pays voisins, notamment l’Afrique du Sud. Ce projet optimisera le taux d’accès à une énergie plus fiable et moins chère en RDC, le faisant passer de 9 % aujourd’hui à plus de 40 % en 2020. Il devrait aussi aider à améliorer l’environnement des affaires et la productivité des économies des pays bénéficiaires, favorisant de ce fait l’intégration régionale et une croissance moins dispendieuse en carbone, puisqu’il permet d’éviter d’importantes émissions de gaz à effet de serre.
Le ministre Patrice Kitebi a salué l’intérêt que porte la BAD au développement de la RDC, qui s’est traduit par le financement de grands projets à travers le pays, pour un portefeuille qui, à ce jour, s’élève à plus de 750 millions de dollars EU. « Cette cérémonie est la consécration de l’intégration régionale, » a déclaré le ministre.
Le Groupe de la BAD compte de nouveau se mobiliser pour Inga. Une assistance technique, évaluée à quelques 65 millions de dollars EU, et financée par le Fonds africain de développement (FAD) est prévue rapidement. Elle permettra de parachever les actions de préparation engagées, mais aussi de contribuer à résoudre les problèmes d’accès à l’électricité dans les zones isolées qui ne sont pas directement desservies par Inga, où la RDC a l’intention de développer des systèmes électriques autour de micro ou mini centrales hydro-électriques.
Thierry Barbaut
Avec JA