‘Là, c’est pas du Beyoncé…’, lâche ma voisine de bar enroulée dans un boa tricolore.
Un cœur monte, qui entonne la Marseillaise, appel aux armes, désir de gloire. La version stadière élude – et c’est heureux – le passage contre les ‘cohortes étrangères’ et les ‘phalanges mercenaires’ de la maison d’Autriche, millésime 1792. Ceux qui chantent sur la pelouse s’appellent les Bleus, le bleu de Catherine de Médicis, le bleu des Alpine et aussi celui de Jeanne Lanvin. Ils rapportent à la maison la mallette Vuitton façonnée à Asnières contenant le célèbre trophée des ateliers Bertoni, le carrossier de la DS. Ils sont l’histoire de France, puisque français et guinéens, algériens, congolais, haïtiens, philippins, sénégalais, togolais, guadeloupéens, espagnols, mauritaniens, maliens, martiniquais, camerounais, marocains, italiens, catalans.
Une moyenne de 25 ans, rien à voir avec la génération b-b-b et la récup’ qu’on en fit. 1998 vs 2018, grand basculement du rapport à la nation : d’autant plus fort qu’il fait respirer en son sein de fières identités culturelles, d’autant plus sincère qu’il n’exige plus de certificat de virginité aux rêveurs du multiple.
Comme on dit au sud de l’Ogoué, ‘Un seul doigt ne peut pas laver la figure’.