Plusieurs obstacles entravent l’entreprenariat féminin et l’accès des femmes aux marchés, allant des normes sociales aux obligations familiales en passant par les problèmes de transport. Les femmes se retrouvent souvent dans l’impossibilité de se rendre physiquement sur les marchés pour vendre leurs produits ou de participer à des foires commerciales internationales.
Observez les gens dans les cafés, les bus, les salles d’attente des centres médicaux ou sur les campus universitaires, vous les verrez, tête baissée, plongés dans leurs écrans. De plus en plus utilisent leurs appareils électroniques pour faire leurs achats. Les ventes au détail via le commerce électronique devraient tripler (a) entre 2004 et 2021. Bien qu’il existe d’importantes disparités hommes-femmes (a) en ce qui concerne l’utilisation d’Internet et que les ventes en ligne sont dominées (a) par des géants américains de la technologie, cette hausse du commerce électronique offre une opportunité intéressante pour les petites entreprises, et plus particulièrement pour les femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), une région où l’autonomisation économique des femmes reste un défi de taille.
Dans les pays de la région qui n’appartiennent pas à la catégorie des économies à revenu élevé, le taux de participation des femmes au marché du travail plafonne à 19 %, le pourcentage d’entreprises détenues par des femmes est de 23 % seulement et à peine 5 % des entreprises ont des dirigeantes féminines. Autant dire que la marge de progression est conséquente en ce qui concerne la participation des femmes à l’activité économique et à l’emploi. L’accès aux financements reste lui aussi problématique : selon une enquête (a) publiée en 2013, 53 % des petites et moyennes entreprises (PME) féminines n’ont pas accès au crédit et 70 % des femmes entrepreneurs de la région MENA interrogées déplorent que les conditions d’octroi des prêts dans leur pays soient trop restrictives et ne leur permettent pas d’obtenir les financements nécessaires pour faire prospérer leur entreprise.
Femmes entrepreneurs assistant au lancement du projet, le 13 novembre 2018.
Plusieurs obstacles entravent l’entreprenariat féminin et l’accès des femmes aux marchés, allant des normes sociales aux obligations familiales en passant par les problèmes de transport. Les femmes se retrouvent souvent dans l’impossibilité de se rendre physiquement sur les marchés pour vendre leurs produits ou de participer à des foires commerciales internationales.
Le commerce électronique peut apporter une solution à ces problèmes, en donnant aux femmes la possibilité de contourner ces obstacles et de vendre leurs produits en ligne. Encore faut-il qu’elles disposent de plateformes numériques pour entrer en relation avec des clients dans le monde entier, d’une logistique performante et financièrement abordable et de systèmes de paiement fiables. Il est indispensable de mettre en place cet écosystème pour que les femmes entrepreneurs puissent accéder aux marchés et faire prospérer leur entreprise, et de ce fait, embaucher davantage de femmes. En effet, comme en attestent les données (a), les entreprises dirigées par des femmes ont davantage tendance à employer des femmes.
À Djibouti aussi les femmes se heurtent à ces obstacles. Les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail restent marquées : moins d’un tiers des femmes de 15 à 64 ans exercent une activité rémunérée. Si le chômage est élevé pour les deux sexes, il atteint 34 % pour les hommes mais s’élève à près de 50 % pour les femmes.
Les Djiboutiennes sont en outre pénalisées par un plus faible niveau d’études et de compétences pour accéder aux opportunités économiques. Les petites entreprises qu’elles dirigent sont le plus souvent informelles, opèrent dans un secteur à faible valeur ajoutée et sont peu attractives aux yeux des créanciers, qui rechignent à leur accorder des prêts. Les femmes entrepreneurs peinent donc à accéder aux financements et à régulariser leur activité.
Des solutions existent toutefois pour aider les femmes à acquérir leur autonomie économique. À Djibouti, plus de 57 % des femmes inactives déclarent ne pas pouvoir travailler en raison de leurs obligations familiales et des tâches domestiques. Elles indiquent néanmoins qu’en règle générale, les hommes de leur famille ni ne les découragent ni ne les empêchent d’accéder à des formations ou à des opportunités d’emploi, et qu’il n’existe pas d’obstacles juridiques à l’entrepreneuriat féminin.
Or, on sait que lorsque les femmes gagnent leur vie, tout le monde en profite : la recherche montre que les femmes ont en effet tendance à consacrer une plus grande partie de leurs revenus au bien-être de leurs enfants, aux frais de scolarité, aux soins de santé et à l’achat de nourriture pour leur famille. L’autonomisation des femmes est donc essentielle pour mettre fin à la pauvreté.
Il est vital de permettre aux femmes de participer pleinement à l’économie de Djibouti. Le développement de l’entrepreneuriat permettra à ce pays de bénéficier des compétences, de l’énergie et des idées que les femmes apportent au marché du travail.
Pour concrétiser cette ambition, le 13 novembre 2018, la Banque mondiale a lancé un projet régional de 3,82 millions de dollars visant à mettre « le commerce électronique au service des PME féminines ». Ce projet cible les petites et moyennes entreprises détenues ou dirigées par des femmes qui produisent des biens commercialisables en ligne.
Ce projet se situe à la croisée de l’entrepreneuriat féminin et de l’économie numérique, qui constituent deux leviers essentiels de la transformation économique de la région. Aussi ne pouvait-on rêver meilleure occasion pour lancer cette initiative que la conférence sur l’économie numérique qui s’est tenue à Djibouti.
L’événement s’est déroulé en présence de plusieurs ministres (de la Femme et de la Famille, de l’Économie et de la Communication), de la responsable de l’Association des femmes chefs d’entreprises ainsi que de nombreuses femmes entrepreneurs.
Le projet s’attachera à développer l’entrepreneuriat féminin, le commerce électronique et l’activité économique à Djibouti et au-delà. Il aidera les PME féminines à évoluer sur le marché intérieur et les marchés d’exportation en facilitant leur accès aux plateformes de commerce en ligne. Il s’appuiera sur la formation de consultants dans ce domaine qui dispenseront, à leur tour, des formations et aideront les entrepreneuses à accéder aux plateformes d’e-commerce.
En mettant les PME en relation avec les institutions financières qui prêtent aux femmes, en particulier le réseau « Banking on Women » de la Société financière internationale (IFC), ce projet leur permettra aussi d’obtenir plus facilement des financements. Il s’attachera en outre à créer un écosystème propice au commerce en ligne : il repèrera les obstacles règlementaires, logistiques et relatifs aux paiements électroniques et aidera les pouvoirs publics à y remédier.
Ce projet suit l’exemple d’un programme pilote mené avec succès en Tunisie, au Maroc et en Jordanie, grâce auquel des femmes entrepreneurs ont pu exporter des produits d’artisanat, des cosmétiques bio et des vêtements vers l’Australie, l’Europe et les États-Unis, notamment.
Il facilitera l’accès des PME féminines aux marchés intérieurs et d’exportation et favorisera le développement de l’entrepreneuriat féminin et de l’économie numérique, deux vecteurs déterminants pour la croissance et à la diversification économique de la région MENA. Le projet est financé par le fonds de l’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneurs (We-Fi) (a). L’initiative We-Fi, un partenariat de collaboration lancé en octobre 2017, a pour objectif de mobiliser des milliards de dollars en financement afin de lever les obstacles que rencontrent les femmes entrepreneurs.
Avec la Banque Mondiale