La Semaine de l’énergie nucléaire au Kenya, conférence et exposition régionale qui s’est tenue les 14 et 15 mars 2017 a Nairobi, a permis de jeter la lumière sur le programme nucléaire du Kenya et de mieux comprendre son rôle dans le mix énergétique
On y a noté la présence des représentants des gouvernements nigérian et ghanéen, des autorités kényanes, des organisations internationales comme l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) et l’Association nucléaire mondiale (WNA), bien que des participants au marche nucléaire mondiale.
Charles Keter, secrétaire du Cabinet pour l’énergie et le pétrole, qui n’a pas donné les termes exactes de la réalisation du programme nucléaires a dit que son ministère respecte les exigences fixées par l’AIEA. «Le rêve du Kenya d’intégrer l’énergie nucléaire dans le réseau électrique national se réalisera conformément à notre Vision 2030 », a-t-il déclaré en marge de la conférence.
Le premier réacteur du Kenya aura une capacité de 1 000 mégawatts (MW), ce qui est équivaut à 42% de la capacité électrique actuelle du pays. Le Kenya Nuclear Energy Board prévoit de mettre en service au moins quatre centrales nucléaires d’une puissance totale de 4 000 MW à un coût estimé à 2 milliards de shillings. Le comité estime que malgré les lourds coûts, l’énergie nucléaire sera efficace pour assurer la charge de base du pays.
Jean-Pierre Favennec, Président de l’Association pour le Développement de l’Énergie en Afrique, croit que l’énergie nucléaire présentera pour le Kenya l’avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre.
En outre, comme l’Afrique manque d’électricité et beaucoup de pays ont une capacité de production faible, le développement de l’énergie nucléaire pourrait améliorer la situation.
L’expert souligne que prenant en compte un réacteur nucléaire peut représenter un pourcentage important de la capacité du pays, il faudrait accroitre des capacités générales vers la date de mise en fonctionnement d’un nouveau réacteur pour éviter des difficultés d’insertion.
Mais le pays a du temps, parce que tout le procès prendra de nombreuses années.
Lors de la conférence, la Russie, la Chine, la Corée du Sud et la Slovaquie ont signé des pactes qui leur permettront d’aider le Kenya à construire sa première centrale nucléaire de 500 milliards de shillings à partir de 2022.
La Russie a avancé les arguments en faveur de sa candidature pour la mise en œuvre du programme nucléaire kényan – Rosatom, la compagnie nucléaire russe, a proposé de concevoir, financer et de construire une centrale nucléaire. L’entreprise a présenté sa technologie de réacteur à eau pressurisée (VVER), utilisée actuellement dans 56 unités à travers le monde. Le VVER-1200 est le premier réacteur nucléaire dans le monde de la génération III+, qui est entrée en opération commerciale. La technologie assure le plus haut niveau de sécurité opérationnelle et répond entièrement à toutes les exigences post-Fukushima fixées par l’AIEA.
Viktor Polikarpov, le vice-président de la société Rusatom Overseas (intégrée a Rosatom) pour la région de l’Afrique sub-saharienne, a fait remarquer que le réacteur nucléaire VVER Gen-3+, associé à une unité de dessalement, permettra aussi de satisfaire l’approvisionnement fiable en eau et en énergie en même temps, ce qui est «un prérequis important pour un bon développement économique du Kenya».
La proposition de Rosatom inclut de même un programme éducatif – des spécialistes kenyans auront l’opportunité d’améliorer leurs connaissances et compétences dans l’énergie nucléaire grâce a l’assistance des établissements et des experts russes.
Comme note Bruno Comby, Président de l’Association des Ecologistes Pour le Nucléaire, «en travaillant dans cette direction avec la Russie, le Kenya est en de bonnes mains et bénéficiera d’une excellente technologie».
L’expert argumente que la Russie est le seul pays qui maitrise actuellement la totalité de la technologie nucléaire civile sous tous ses aspects : de la mine d’uranium au retraitement du combustible usé, avec bien sûr la construction des réacteurs et du combustible et y compris l’exploitation des réacteurs de génération 4 (BN-600, BN-800). «Ainsi, la Russie est un partenaire particulièrement compétent et parfaitement qualifié pour aider le Kenya sur ce chemin du développement de l’énergie nucléaire pacifique, qui trace la route vers un avenir meilleur à la fois pour les kenyans et pour l’Afrique», – conclue Bruno Comby.