Lighting Africa : les lampes solaires éclairent le futur

Moins chères et moins polluantes que les lampes à kérosène, les lampes  électriques rechargeables étaient à l’honneur à l’occasion de la 3ème conférence  Lighting Africa, qui s’est tenue à Dakar du 13 au 15 novembre. Un marché en  plein boom.

La salle d’exposition de l’immense King Fahd Palace de Dakar a été remplie de  lampes pour l’occasion. De petites lampes design pour la plupart reliées à des  panneaux solaires, dont les prix varient entre 8 et 40 dollars. Elles disposent  presque toutes de prises pour recharger un téléphone portable. Selon le chargé  du programme Lighting Africa pour la Banque mondiale, Daniel Murphy, « elles  apportent une solution moderne aux personnes qui sont loin du réseau électrique ».

600 millions de personnes en Afrique ont recours à  l’éclairage hors réseau.

Elles ne polluent pas, sont moins chères (leur coût est amorti au bout d’un  mois) et ne risquent pas de s’enflammer, contrairement aux lampes à  kérosène. « En ce moment 10 milliards de dollars sont investis chaque année  pour l’électricité, il faudrait passer à 50 milliards pour électrifier tout le  continent », explique Daniel Murphy. Lighting Africa, un programme mis sur  pied par la Banque mondiale et sa filiale dédiée au secteur privé, la Société  financière internationale, vient donc en appui au secteur privé pour combler le  manque. 600 millions de personnes en Afrique ont recours à l’éclairage hors  réseau.

L’initiative sélectionne chaque année des fabricants de lampes en fonction du  rapport qualité-prix de leurs produits. Elle sert ensuite d’intermédiaire entre  ces fabricants et les distributeurs sur le continent, mais aussi de facilitateur  auprès des gouvernements. Cette année, 46 entreprises ont été certifiées par  Lighting Africa, contre seulement 8 l’an dernier.

Nouveau marché

« De plus en plus d’entreprises se lancent dans la fabrication de lampes  solaires à destination des pays émergents », affirme Daniel Murphy. Le marché  augmente de 90% par an, avec une diminution des coûts de fabrication de 25%  depuis 2010, ce qui impacte les prix de vente.

Fabricants, distributeurs et investisseurs financiers se retrouvent ainsi a  Dakar pour échanger. Pour D.Light, un des premiers fabricants à s’être  lancé dans le secteur il y a 5 ans, l’objectif est autant social que commercial.  Le groupe est parmi les mieux installés, tout comme Greenlight, qui a débuté ses  activités en Inde, où la distribution se fait au porte à porte, et qui a déjà  pénétré de nombreux marchés africains.

De nouveaux fabricants présentaient également leurs produits dans la  section des « non-certifiés ». Parmi eux de nombreux Chinois, dont les produits  sont variés mais pas forcément au meilleur prix. Shenzhen Cowin Solar Company  est au Sénégal, au Nigéria et en Gambie depuis deux ans ; l’entreprise fabrique  et distribue ses propres lampes. Elle a développé une gamme spécialement adaptée  au marché africain, les panneaux solaires qu’elle manufacturait pour le marché  chinois étant trop coûteux pour les consommateurs du continent.

Cette année, près d’un million de lanternes modernes  ont été vendues en Afrique.

Lighting Africa développe ses programmes au Ghana et au Kenya depuis 4 ans et  prévoit de se lancer au Sénégal, au Nigeria, en Sierra Leone, au Liberia, en RD  Congo et en Centrafrique, entre autres.

Le ministre de l’Énergie sénégalais a exprimé son enthousiasme pour  l’initiative à l’ouverture du forum. Aly Ngouille Ndiaye s’est engagé à faire  lever tous les obstacles à la commercialisation des produits d’éclairage  modernes et à les promouvoir sur le marché sénégalais. Il a même promis  d’intégrer les produits agrées par l’initiative dans le programme  d’électrification rurale nationale. Cette année, près d’un million de  lanternes modernes qui remplissent les critères de Lighting Africa ont été  vendues en Afrique.

Thierry Barbaut
Avec Jeuneafrique.com

 

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies, numérique et intelligence artificielle. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.