L’occupation du nord du Mali par les islamistes a profondément modifié la vie des populations. À Gao par exemple, il n’y a plus d’équipe de football. Les hommes du Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest) ont tenté d’interdire la pratique du sport. Les joueurs et dirigeants de clubs ont souvent quitté la ville. C’est le cas de Sandi Lamine, l’entraîneur du Sony AC de Gao.
Depuis juin dernier, Sandi Lamine Mohamed n’est plus entraîneur de football, il n’est plus enseignant. Il est un déplacé. Avec sa grande famille, il a fui Gao pour s’installer à Bamako. Il ne se passe pas un jour sans qu’il tente de joindre ses joueurs au téléphone : certains sont restés sur place, d’autres sont partis. Mais à Gao, il n’y a plus d’équipe. Or, pour Sandi, le Sony AC occupait une place centrale dans la vie de la cité des Askia.
« Le foot, c’est tellement important pour les gens de Gao, parce que c’est le seul facteur qui unit toute la jeunesse et même les vieux. Quand il y a foot, tout le monde converge vers le terrain. Maintenant qu’il n’y a pas de football, je ne vois pas où est-ce que les gens vont se retrouver ».
À leur arrivée à Gao, les gens du Mujao ont voulu interdire le sport. C’était sans compter sur la résistance de la jeunesse. « Ils ont voulu dire que le football est haram ou autre chose, poursuit Sandi Lamine. Mais les enfants ont protesté. C’est ce qui a été même à l’origine de la résistance des jeunes de Gao. Ils ont été vraiment braves, et maintenant, quelqu’un qui est sous domination, tu ne peux pas jouer ! Qu’est-ce que tu vas jouer ? ».
Aujourd’hui, le stade de Gao est gagné par les mauvaises herbes et sert de pâturage aux animaux. Les jeunes footballeurs s’ennuient, et Sandi, leur entraîneur, est inquiet. « Il faut qu’on cherche une solution, vite et bien ! », conclut-il.
Thierry Barbaut