Nelson Mandela « Madiba » est décédé dans la nuit
L’ex-président sud-africain restera dans l’histoire un personnage de légende. Ses années de combat, de prison, de gouvernance et de retraite en ont fait une autorité morale universelle.
Le déroulement des obsèques est prévu de longue date et mêlera durant 10 jours traditions ancestrales, veillées intimistes et cérémonies retransmises dans le monde entier. La dépouille de l’ancien président fera l’objet de trois processions dans Pretoria.
CNN a dévoilé ce vendredi matin le programme, en précisant que des changements de dernière minute pourraient avoir lieu. Ce planning a été partiellement confirmé vendredi après-midi par le président sud-africain Jacob Zuma.
Cérémonie religieuse mardi au stade de Soweto
De ce vendredi à lundi (jour 1 à 4), le corps de Nelson Mandela devrait rester à l’hôpital militaire de Pretoria, où il sera embaumé. Une première cérémonie traditionnelle, dite des «yeux clos», sera conduite par les anciens du peuple Thembu. Au cours de cette dernière, ils parleront à Nelson Mandela, ainsi qu’à ses ancêtres.
Jacob Zuma a confirmé que le peuple sud-africain pourra rendre hommage à Nelson Mandela mardi (5e jour) au cours d’une cérémonie du souvenir qui aura lieu au stade Soccer City de Soweto. Ce dernier peut accueillir jusqu’à 90.000 personnes. Selon CNN, de nombreux chefs d’État pourraient venir à cette cérémonie: Barack Obama devrait en faire partie, d’après les informations de la chaîne américaine.
Enterrement le 15 décembre dans son village d’enfance
De mercredi à vendredi, la dépouille de Nelson Mandela sera exposée à Union Buildings, le siège de la présidence sud-africaine, à Pretoria. Le premier jour sera réservé aux dignitaires, tandis que le public sera autorisé à se recueillir les deux jours suivants. La dépouille de l’ancien dirigeant sud-africain sera transporté chaque jour en public depuis la morgue jusqu’à son lieu d’exposition. ««Nous encourageons (le public) à se placer sur le bord quand le corps passera dans les rues de Pretoria», a indiqué Neo Momodu, directeur du service d’information du gouvernement.
Samedi, un avion militaire devrait emmener le corps de Nelson Mandela vers Mthatha. Un cortège funèbre s’ébranlera alors vers Qunu, là où l’homme d’État a grandi. Une fois arrivé à la maison des Mandela, l’armée sud-africaine remettra formellement le corps à sa famille. Le drapeau sud-africain entourant le cercueil devrait alors être remplacé par une couverture traditionnelle de l’ethnie Xhosa. Une veillée funéraire devrait avoir lieu dans la plus stricte intimité.
Jacob Zuma a également confirmé que l’enterrement de Nelson Mandela aura lieu dimanche 15 décembre (jour 10) à Qunu. Selon CNN, une dizaine de chefs d’État et une centaine de membres de la famille proche de Nelson Mandela participeront à la cérémonie, qui devrait se dérouler en extérieur, et sera retransmise mondialement. Le corps sera mis en terre à midi. Nelson Mandela reposera aux côtés de trois de ses enfants et de ses nombreux ancêtres.
Les cérémonies s’achèveront le lundi 16 septembre, le «Jour de la réconciliation». Une statue de l’ancien dirigeant sera alors érigée devant Union Building.
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Le 1er juin 1999, au terme de son mandat de premier président noir de la «nouvelle Afrique du Sud», Nelson Mandela promet de consacrer le temps qu’il n’a jamais eu à ses treize petits-enfants et à son épouse, Graça Machel, la veuve du président mozambicain Samora Machel, épousée en troisièmes noces, à 80 ans.
Il souhaitait se retirer dans son village natal du Transkei. Ce furent des vœux bien pieux.
En février 2000, son devoir l’appelle au chevet du Burundi. Il repousse sa retraite. «Animal politique infatigable», selon l’expression de ses proches, Mandela sera souvent contacté pour servir de médiateur dans les conflits africains. Mais après avoir bouclé l’accord de paix interburundais en août 2000, il décline tout mandat au Kosovo et en République démocratique du Congo (RDC). Cela ne l’empêche pas de s’exprimer sur toutes les questions du moment.
En 2001, il n’hésite pas à critiquer l’attaque américaine en Irak. Et en vieillissant, l’icône de la réconciliation se soucie de moins en moins du «politiquement correct». Il invite chez lui sans complexe à la fin de l’année 2004 le président haïtien déchu, Aristide.
Long chemin vers la liberté
Si on lui pardonne rapidement ses impairs, c’est que «Madiba» donne tout ce qui lui reste d’énergie pour sauver sa nation. Son dernier combat sera celui du sida. Pour braver tous les tabous, il rend public l’origine de la mort de son fils, Makgatho, séropositif. Il organise un concert en utilisant son numéro de cellule à Robben-Island, le 46664, comme chiffre symbole. Tous les coups sont permis contre un fléau qui, aime-t-il à le répéter, fera plus de morts que l’apartheid.
Mandela restera dans l’histoire un personnage de légende. Ses années de combat, de prison, de gouvernance et de retraite en ont fait une autorité morale universelle.
Qui avait plus de légitimité que lui pour écrire au détour de ce long chemin vers la liberté ces quelques mots: «La vérité, c’est que nous ne sommes pas encore libres; nous avons seulement atteint la liberté d’être libres, le droit de ne pas être opprimés (…) Car être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres»?