Daniel Larribe, Marc Féret, Pierre Legrand de Couffé et Thierry Dol avaient été enlevés il y a plus de trois ans par al-Qaida au Maghreb islamique
Pour mettre un terme aux trois ans de détention des quatre derniers otages français d’Arlit, Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret, il aura fallu une opération de récupération de huit jours, le versement d’une rançon et des mois de négociations.
« PLUS D’UNE VINGTAINE DE MILLIONS D’EUROS »
Totalement coupés du monde, ils veulent éviter d’être traqués par les grandes oreilles américaines mais également françaises et protéger les ravisseurs de tirs de drones dès que les otages seront entre leurs mains. Pour l’aller comme pour le retour, le convoi évite les voies directes. On ne saura s’ils ont réussi leur mission qu’à leur retour à Kidal. Le plan initial prévoit un retour entre les vendredi 25 et dimanche 27 au soir.
Le trajet dans l’extrême nord désertique du Mali promet d’être tendu. Le 20 octobre, l’armée française a lancé une vaste opération de ratissage, bien plus au sud. Au nord, la zone grouille de petits groupes djihadistes incontrôlables. Selon une source française connaissant les détails de cette opération, des membres de la DGSE ont remis aux membres du convoi, la veille de leur départ de Kidal, la « contrepartie » à la libération des otages, « plus d’une vingtaine de millions d’euros ».
Il a été convenu à l’avance que les ravisseurs devaient d’abord regrouper les quatre otages qui avaient été séparés au mois de juillet. Puis de les laisser, seuls, deux ou trois jours, dans un endroit sécurisé avec de l’eau et de la nourriture. A un autre endroit, les preneurs d’otages devaient ensuite échanger l’argent contre les coordonnées GPS permettant de localiser les quatre Français. Le convoi est revenu à Kidal le mardi 29 octobre d’où les ex-otages s’envolent pour Niamey.
La fin de plus de trois ans de captivité.
«Trois ans, trois ans d’épreuve pour ces ressortissants capturés, détenus par des geôliers sans scrupule. Trois ans de souffrances pour des familles qui vivaient un calvaire et sont aujourd’hui soulagées», s’est réjouit le président François Hollande, qui a annoncé la bonne nouvelle, ce mardi, depuis Bratislava, en Slovaquie.
Les quatre otages français qui travaillaient pour Areva avaient été enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit, au Niger, par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
«J’ai tenu à prévenir les familles dès que j’ai connu la nouvelle, j’ai également voulu que les ministres Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian partent pour Niamey pour faire en sorte que nos quatre concitoyens désormais libres puissent revenir vers la France», a ajouté le président.
«Je veux exprimer toute ma gratitude au président du Niger qui a réussi à obtenir le libération de nos compatriotes», a poursuivi le chef de l’Etat.
Les quatre hommes, sains et sauf, sont attendus mercredi en France
Daniel Larribe, Marc Féret, Thierry Dol et Pierre Legrand auraient été libérés par l’intermédiaire du président nigérien. Les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères) et Jean-Yves Le Drian (Défense) sont à Niamey pour les récupérer.
Les otages ont également rejoint la capitale autour de 19 heures, heure de Paris. Ils sont attendus dès mercredi en France. Les quatre hommes sont «sains et saufs», a précisé un diplomate sous couvert d’anonymat.
Jeudi 24 octobre, des sources sécuritaires régionales à Gao avaient fait état de la présence d’émissaires dans le Sahel pour «accélérer les négociations en vue de la libération des otages français». Mais la France avait «formellement démenti» l’envoi de ces émissaires. Parmi les premières réactions, une tante maternelle de Pierre Legrand s’est dite «heureuse», ajoutant avoir «du mal à y croire encore».
«On a du mal à y croire»
«Je suis heureuse, émue», a déclaré Brigitte Laur. «On a tellement attendu… Merci à tous ceux qui nous ont soutenus, merci», a-t-elle ajouté, des sanglots dans la voix. «Après trois ans, on a du mal y croire.» René Robert, le grand-père de Pierre Legrand, a déclaré sur i-Télé avoir appris de la bouche de François Hollande que les otages français étaient en bonne santé. «Je n’ai jamais douté de la capacité de Pierre de tenir, simplement nous ne savions pas combien de temps les choses dureraient, et c’est vrai qu’au bout d’un moment il aurait pu s’épuiser», a-t-il expliqué.
Interview de Thierry Dol
François Hollande a expliqué que les initiatives entreprises pour la libération des otages avaient pu être suspendues pendant l’intervention française au Mali, mais qu’elles avaient repris après l’élimination des djihadistes. «Je pense (…) encore à ces sept otages français toujours détenus», trois en Afrique et quatre en Syrie, a-t-il dit. «Je leur dis ce message simple et bref: ne perdez pas espoir, ne perdez jamais espoir, la République est là toujours solidaire.»
Thierry Barbaut
Avec AFP