Face à la baisse des revenus, à l’endettement croissant et à une conjoncture économique défavorable, le gouvernement pourrait être tenté d’augmenter les impôts, en particulier ceux des citoyens les plus riches d’Afrique du Sud.
Pourtant, la priorité serait de réduire les dépenses de l’Etat alors que l’augmentation des taxes devrait être évitée à tout prix.
Toujours plus d’impôts ?
Par essence, une réforme fiscale part du principe que tout nouveau système fiscal doit générer autant ou plus de recettes que celui qu’il doit remplacer. Mais, comme l’a si bien dit Winston Churchill, « Lorsqu’une nation tente de prospérer par l’impôt, c’est comme un homme dans un grand seau qui essaie de se soulever par la poignée». Malheureusement pour les Sud-Africains, les dépenses publiques ont plus que doublé en termes relatifs, passant de moins de 10% du PIB en 1960 à plus de 20% à la fin de 2016.
Contrairement à l’idée selon laquelle l’État devrait jouer un plus grand rôle dans l’économie, l’histoire a démontré à maintes reprises que les économies qui permettent à leurs citoyens entrepreneurs et travailleurs de mieux utiliser leurs capacités et compétences et d’être mieux rémunérés en retour, sont celles qui croissent et prospèrent plus vite. Ainsi, contrairement aux idées reçues, pour améliorer ses finances, un gouvernement devrait plutôt chercher à réduire l’impôt, et pour ce faire, il est impératif qu’il accorde une attention particulière à la réduction des dépenses publiques.
Le meilleur moyen de stimuler la croissance est de permettre aux gens de travailler, d’épargner et d’investir. Malheureusement, les politiques d’emploi dans ce pays découragent l’embauche de travailleurs peu qualifiés et non qualifiés. Des taux d’imposition marginaux élevés et d’autres taxes pernicieuses découragent l’épargne et l’investissement. Lorsque nous combinons toutes les taxes, nombre de sud-africains arrivent à payer plus de 50% de leurs revenus annuels. Typiquement, ce sont les gens qui pourraient investir dans l’économie et ainsi créer de nouveaux emplois. Soulignons que pour payer tous leurs impôts, ces gens doivent travailler pour le gouvernement six mois par an.
Inciter ou écraser ?
Le regretté économiste lauréat du prix Nobel, Milton Friedman, a proposé, au début des années 1960, un système d’imposition uniforme visant à simplifier la collecte des recettes fiscales et à encourager les gens à travailler, à épargner et à investir. Partant du principe qu’un individu réagit aux incitations et cherche toujours à défendre ses intérêts, il développait l’idée que les impôts très progressifs incitent à trouver des échappatoires fiscales pour réduire les impôts à payer par le biais de l’optimisation fiscale ou par des solutions illégales.
Ainsi, un impôt à taux unique, par opposition à un système fiscal progressif, est un régime dans lequel le rapport de l’impôt au revenu imposable est le même pour tous les niveaux de revenu. Il remplace les diverses fourchettes d’imposition qui figurent dans un régime fiscal progressif par un taux unique. Un véritable impôt unique ne prévoit aucune exemption et ne prévoit aucune dispense spéciale pour les personnes à faible revenu. Cependant, pour des raisons humanitaires et pratiques, il n’y a aucun mérite à taxer les pauvres. Les raisons de compassion sont évidentes mais il y a aussi une raison pratique car en dessous d’un certain niveau de revenu, les coûts de collecte des impôts dépassent le montant perçu. Un seuil doit donc être fixé pour exempter les personnes à faible revenu.
L’impôt à taux unique : comment ça marche ?
Considérons, par exemple, que le seuil d’exonération se situe à un revenu de 75 000 rands par an et que le taux d’imposition soit de 15%. Une personne gagnant 75 000 rands ne paierait pas d’impôt, alors qu’une personne gagnant 100 000 rands paierait 3 750 rands (soit 3,75%). Une personne qui gagne 5 millions de rands par an paierait 738 750 rands (soit 14,78%) d’impôt. Ainsi, un impôt faible et uniforme serait équitable, élargirait l’assiette fiscale, inciterait à investir, rendrait l’évasion fiscale plus difficile et moins lucrative, accroîtrait la croissance économique, augmenterait l’investissement local en encourageant la formation de capital et créerait de nouveaux emplois en augmentant les salaires réels et les incitations à travailler. Cela encouragerait également les contribuables à être plus honnêtes et permettrait d’attirer davantage d’investissements étrangers.
Quand on augmente les taux d’imposition, il est très difficile de les réduire plus tard. Il serait donc préférable que le ministre des Finances opte pour la réduction des dépenses gouvernementales plutôt que d’augmenter l’impôt. Ce choix allègerait le fardeau supporté par les Sud-Africains. L’impôt à taux unique est une réforme relativement simple à mettre en œuvre qui devraient recevoir l’approbation de tous les milieux: les entreprises, les travailleurs, la société civile et, surtout, les citoyens sud-africains. Il est temps pour les dirigeants sud-africains de se rendre compte que le rôle du gouvernement est de poursuivre des politiques qui favorisent la croissance économique et non pas d’empêcher les gens de travailler en appliquant des politiques destructrices d’emplois.
Jason Urbach, analyste pour The Free Market Foundation.
Avec Libre Afrique