La récente décision de la Cour d’assise d’Abidjan qui acquitte l’ex-première dame Simone Gbagbo du délit de crime contre l’humanité, continue d’alimenter les débats.
Il faut rappeler que Simone Ehivet Gbagbo est dans les liens de la détention depuis la fin de la crise politico-militaire en avril 2011.
Voici donc l’ex-Première dame, Simone Gbagbo acquittée
Cette décision est le lieu d’interprétations diverses et souvent hors de raison : l’homme du commun entendait par cette décision, la libération de Simone Gbagbo. Bien sûr qu’il n’en est rien ; et l’on peut deviner que pour cette catégorie d’Ivoiriens, il s’agit d’une victoire en demi teinte. Car ce qui semble essentielle ici, en tout cas pour les partisans de cette grande figure de la vie nationale, c’est la libération de Simone Gbagbo. Tout autre décision relève de l’inachevé.
Pour certains, analystes avisés comme profanes, cette décision dévoile l’indépendance de la justice ivoirienne. A ce niveau, on a pu observer la joie des militants du Front populaire ivoirien (FPI) saluer ce qui a paru à leurs yeux comme une victoire de la justice ivoirienne ; eux qui, il n’y pas encore si longtemps, dénonçaient l’accaparement de la justice ivoirienne par l’Exécutif.
On sait tous, aujourd’hui, que cet acquittement ne change rien à la situation de l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire. Car, elle demeure dans les liens de la détention parce que condamnée à 20 ans de prison pour atteintes à la sûreté de l’Etat. Elle n’est donc pas libre de ses mouvements comme cette décision a pu laisser croire.
Mme Simone Gbagbo n’est pas la seule à rester dans les liens de la détention. De nombreux militants et partisans du Front populaire ivoirien (Fpi) et de l’ex-Président Gbagbo, sont toujours maintenus dans les geôles du pays. Parmi eux, des noms illustres comme les ministres Assoa Adou, Hubert Oulaï, Moïse Lida Kouassi, le militant Samba David. C’est, au total des centaines et des centaines de personnes qui croupissent dans les prisons pour délits de subversion. Ils sont détenus depuis des années, et ils attendent toujours d’être jugés. Il faut ajouter à cette listes de parias, les milliers d’Ivoiriens qui sont en exile dans des pays voisins et hors des frontières africaines depuis ce jour du 11 avril 2011. Ils ne peuvent pas regagner la Côte d’Ivoire de peur d’être emprisonnés comme certains d’entre eux, rentrés auparavant.
Ainsi, si cet acquittement met le doigt sur la liberté de la justice, décision saluée par nombre de partisans du FPI et de Simone et Laurent Gbagbo, il n’en demeure pas moins qu’en Côte d’Ivoire, la question de la liberté d’opinion reste fondamentale. La preuve, la condamnation de l’Ivoiro-libanais Jichi Sam dit Sam l’Africain à six mois d’emprisonnement ferme et 500. 000 FCFA (760 euros) d’amende pour injure et diffamation envers des personnes appartenant à un groupe ethnique. L’accusé avait, au cours d’un meeting politique qu’il a animé, dénoncé le fait que « le Chef de l’Etat, le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale, etc., soient tous issus du Nord ».
Face à tous ces faits, l’acquittement de Simone Gbagbo apparaît vraiment comme une goutte d’eau dans l’océan. La question des violations des droits de la liberté d’opinion et d’expression demeure cruciale en Côte d’Ivoire. Et c’est la réconciliation nationale qui, évidemment, prend du plomb dans l’aile.