La transition numérique en Afrique porte l’espoir de nombreux changements économiques et sociaux afin d’accompagner le développement et la croissance des États. Sur le continent, la connectivité, c’est-à-dire, l’accès à un Internet à haut débit et de qualité, s’est accélérée de façon significative ces dernières années. Dans de nombreux pays, le téléphone mobile est au cœur des activités du quotidien des Africains : paiements, consultations médicales, souscription à des assurances, etc. Par conséquent, le continent fait face à un volume de données à traiter et à stocker qui ne cesse de croître, entrainant une demande toujours plus forte d’énergie à laquelle il importe de trouver des solutions durables dans les années à venir.
L’économie numérique va considérablement s’intensifier dans les années à venir du fait de plusieurs facteurs que nous pouvons d’ores et déjà conjecturer. D’abord, la période de pandémie mondiale a joué un rôle de catalyseur pour la démocratisation des usages du numérique. Cette intensification peut également trouver sa source dans l’essor des cryptomonnaies par exemple, ou encore dans l’évolution démographique du continent. D’ici à 2063, le continent comptera 1,4 milliard de jeunes de moins de 25 ans (soit deux fois la population européenne)[1]. La consommation de données numériques poursuivra alors son expansion, entrainant ainsi une demande plus forte de capacités techniques pour traiter un volume toujours plus croissant. À ce titre, les besoins en matière de construction et de modernisation des infrastructures numériques en Afrique sont au cœur de ces enjeux, notamment au regard des problématiques environnementales qu’ils soulèvent. À l’heure actuelle, seuls 1,3% des data centers mondiaux sont localisés en Afrique[2]. Or, ce chiffre a vocation à augmenter sensiblement. Effectivement, afin d’assurer une meilleure performance et une sécurité renforcée dans la gestion de ces données, les autorités sont de plus en plus sensibilisées à la nécessité d’héberger ce volume localement.
D’après les experts, le numérique mondial est responsable de 2 à 4% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète[3], et d’ici à 2030, les data centers pourraient absorber 10% de la production d’électricité mondiale[4]. En effet, le développement des secteurs clés tels que le Cloud Computing ou encore l’Internet des objets (IoT) nécessite des infrastructures réseau performantes et des capacités de stockage des données accrues, non sans incidence sur les consommations énergétiques des data centers.
C’est la raison pour laquelle la question du poids des émissions de CO2 générées par les data centers a été au centre de l’agenda de la COP26 en octobre dernier, à Glasgow[5]. À cette occasion, le secteur a été encouragé à agir pour trouver des solutions radicales pour inverser la tendance, du point de vue de l’alimentation de ces infrastructures mais aussi et surtout, de leurs modalités de refroidissement, afin qu’elles puissent fonctionner sans aucune interruption – lesquelles sont bien souvent provoquées par des surchauffes ou des coupures d’électricité. En effet, les réseaux de distribution d’électricité sur le continent sont confrontés à des « pénuries fréquentes »[6]. Dans ces cas précis de panne de courant, les data centers existants s’appuient généralement sur des générateurs à diesel pour maintenir leur activité. En outre, ces installations doivent fonctionner en continu et à pleine puissance afin de stocker et protéger un volume de données colossal. La problématique du refroidissement de ces data centers est donc au cœur de cette équation complexe, puisque le refroidissement représente environ 40% de l’énergie consommée par les data centers[7]. Depuis quelques années, les entreprises regorgent d’idées pour palier ces interruptions de courant et déployer des systèmes de refroidissement innovants pour enfin s’affranchir des produits chimiques et des batteries de secours, dont la circularité n’est pas toujours assurée.
Certains opérateurs tels que MainOne, fournisseurs de services de télécommunication pour les entreprises, installent leurs data centers à proximité des sources d’énergie et s’associent à des distributeurs d’électricité locaux afin d’assurer des connexions directes au réseau national. Ceci dans le but de réduire les pannes et donc l’utilisation de générateurs alimentés au diesel pour le fonctionnement de ces structures[8]. Face aux prévisions portant sur la hausse du nombre d’installation de data centers, il apparaît alors primordial de garantir un accès à une ressource énergétique fiable et respectueuse de l’environnement sur le continent. De nombreuses innovations poursuivant cet objectif ont récemment vu le jour. En mai dernier par exemple, Moro Hub et Huawei se sont associés pour inaugurer le plus grand centre de données alimenté à l’énergie solaire dans la ville de Dubaï. Ce sont ainsi plus de 100 MW qui sont alimentés par une source d’énergie renouvelable et ce, sans intermittence.
Parmi les innovations sur le marché, Huawei a annoncé le 26 mai dernier une nouvelle génération de data centers intelligents et à faible émission carbone, à travers le lancement de PowerPOD 3.0. Il s’agit d’un nouveau système d’alimentation électrique qui permet de gagner du temps, de l’espace et de l’efficacité énergétique. En effet, il permet de réduire le délai de livraison de composants électroniques de 2 mois à 2 semaines, l’encombrement de 40% et la consommation d’énergie de 70%. Cette nouvelle génération de data centers promet ainsi d’être durable, autonome et fiable, avec une architecture d’alimentation et de système de refroidissement simplifiés. Dans le détail, cette structure permet un système de refroidissement intelligent par un système d’échange thermique plus efficace, ainsi qu’une optimisation de l’efficacité énergétique de l’appareil dont l’exploitation et la maintenance seront désormais automatisées. Qui plus est, ces data centers seront entièrement écoénergétiques en favorisant le recyclage de tous les matériaux nécessaires à leur fabrication, y compris les batteries, freinant ainsi l’épuisement des ressources minières sur la planète.
Au-delà des besoins en matière d’infrastructures, la construction d’une souveraineté numérique africaine doit pouvoir reposer sur des moyens financiers et humains. Depuis quelques années, le secteur privé accompagne davantage les autorités africaines pour contribuer à leur donner les moyens de leurs ambitions. Implanté sur le continent depuis une vingtaine d’années, Huawei multiplie les partenariats visant à favoriser les transferts de compétence nécessaires pour accroître l’autonomie des États dans la gestion et le traitement de leurs données. À travers des programmes de formation tels que la ICT Academy ou Seeds for the Future, Huawei participe au développement des compétences essentielles pour assurer un fonctionnement pérenne de ces data centers locaux, et contribue par conséquent au développement socio-économique des territoires.
Les ambitions en matière de souveraineté numérique en Afrique devront ainsi s’opérer sans compromettre les objectifs de développement durable qui s’imposent. Lorsque l’on observe les progrès technologiques déjà réalisés, force est de constater que les opportunités pour prendre le chemin d’un développement durable et écologique des installations de futurs data centers semblent ainsi à la portée du continent. Les entreprises, avec l’ensemble de leurs partenaires, font preuve d’une véritable volonté d’inaugurer une nouvelle ère de développement des data centers dans des économies en pleine croissance, où la réduction de la fracture numérique reste l’horizon visé pour parachever la quatrième révolution industrielle en Afrique.
[1] « Démographie : les mentalités changent trop lentement », Jeune Afrique, 26 août 2021
[2] « Datacenters en Afrique : Des opportunités post-covid », Business France, 28 février 2022
[3] « Pourquoi le numérique contribue de plus en plus au réchauffement climatique », Le Monde, 9 janvier 2022
[4] « Comment réduire l’impact des Data Centers sur l’environnement », Le Big Data, 31 janvier 2020
[5] « COP26 : les data centers en quête de solutions pour réduire leur empreinte environnementale », France info, 27 octobre 2021
[6] « L’efficacité énergétique est la clé de la durabilité des datacenters en Afrique », Data center Magazine, 5 novembre 2021
[7] « Comment réduire l’impact des Data Centers sur l’environnement », Le Big Data, 31 janvier 2020
[8] « Comment réduire l’impact des Data Centers sur l’environnement », Le Big Data, 31 janvier 2020