Les stratégies d’action pour le climat qui se projettent à l’horizon 2050 peuvent aider les pays à ouvrir de nouvelles perspectives économiques tout en leur assurant un avenir climatique plus sûr, indique un rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui.
Dans ce rapport intitulé en anglais World Bank Outlook 2050: Strategic Directions Note, la Banque mondiale promeut une transition décarbonée d’ici à 2050 qui passe par une approche mobilisant l’ensemble de l’économie et des actions coordonnées sur plusieurs fronts : systèmes alimentaires, énergie, transports, systèmes d’approvisionnement en eau et développement urbain, notamment.
« La Banque mondiale s’emploie à appuyer les efforts déployés par les pays pour bâtir un avenir résilient et durable en veillant à ce que les stratégies d’action climatique à long terme fassent partie intégrante de leur plan global de développement, souligne Mari Pangestu, directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats. Ces stratégies qui reposent sur un effort de planification peuvent être une source de création d’activité économique et d’innovation et donner naissance aux emplois de demain, tout en garantissant un avenir climatique plus sûr aux populations, et en particulier aux plus pauvres et aux plus vulnérables. »
En effet, le changement climatique va exacerber les problèmes de développement et frapper de plein fouet les populations les plus démunies, en raison de ses graves conséquences sur la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé, la qualité de vie et la productivité économique. Le rapport fait valoir que des stratégies nationales de décarbonation sont essentielles à long terme pour garantir de meilleurs résultats sur le plan de la croissance, du climat et du développement. Dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19 (coronavirus), ces stratégies peuvent aussi aider les pays à relancer leur économie en leur assurant un avenir climatique plus sûr tout en optimisant l’utilisation des ressources publiques et la mobilisation des financements privés. Par exemple, l’électrification des établissements de santé pourrait contribuer à court terme à la lutte contre le coronavirus et stimuler l’industrie solaire nationale, et notamment les systèmes hors réseau et les mini-réseaux.
« Une approche englobant l’économie dans son ensemble peut encourager les pays et les institutions financières à se projeter au-delà des cycles de planification sur trois à cinq ans et à mettre l’accent sur les prochaines décennies, affirme Juergen Voegele, vice-président de la Banque mondiale pour le développement durable. La Banque mondiale aide les pays à penser les modalités d’une reprise économique durable, en s’attachant à les aider à rebâtir mieux et plus solidement. »
Le rapport propose une liste de recommandations pour promouvoir un processus de décarbonation à long terme dans huit domaines qui exigent des solutions intersectorielles :
- Les systèmes alimentaires, sachant que les systèmes de production et d’approvisionnement alimentaires doivent considérablement se développer dans les décennies à venir, alors qu’ils constituent par ailleurs une source importante d’émissions de carbone tout en étant particulièrement vulnérables au changement climatique ; Les écosystèmes terrestres et les puits de carbone, notamment les forêts, qui sont essentiels à notre subsistance, mais qui constituent aussi une source d’émissions croissante en raison de la dégradation et du changement d’affectation des terres ;
- Les systèmes énergétiques, avec pour priorités de décarboner et décentraliser le secteur de l’électricité, d’assurer un approvisionnement fiable en électricité à partir de sources de production bas carbone pour répondre à une demande croissante, de renforcer l’efficacité de la production et de l’utilisation de l’énergie et d’aligner les investissements dans le secteur de l’énergie sur les objectifs climatiques ;
- La mobilité, en réduisant les déplacements inutiles par un meilleur aménagement du territoire et d’autres stratégies, en modifiant les modes de transport avec l’objectif de limiter le recours aux véhicules particuliers et en abaissant les émissions produites par tous les modes de transport grâce à l’innovation technologique ;
- Le développement de zones urbaines résilientes et sobres en carbone qui contribuent à améliorer les conditions de vie des habitants, sachant que d’ici à 2050, plus des deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes, lesquelles constituent déjà des sources importantes d’émissions et sont très exposées aux effets du changement climatique ;
- Les systèmes d’approvisionnement en eau, qui subissent déjà et de plus en plus les effets du changement climatique, tout en étant eux-mêmes une source croissante d’émissions, et qui revêtent une importance capitale pour de nombreux secteurs ;
- L’économie bleue, compte tenu du fait que des millions de vies dépendent directement des océans, et que ces derniers fournissent des services écologiques vitaux et absorbent une grande partie des émissions mondiales de carbone ;
- La transformation numérique, en s’attachant à exploiter le potentiel des nouvelles technologies pour réduire les émissions dans tous les secteurs et renforcer la résilience, mais aussi à réduire le niveau de plus en plus élevé des émissions provenant du secteur numérique lui-même.
Le rapport présente pour chacun de ces domaines un tour d’horizon des activités de la Banque mondiale à ce jour et de ses axes de développement possibles en matière d’assistance technique et de prêt.
Le rapport World Bank Outlook 2050: Strategic Directions Note. Supporting Countries to Meet Long-Term Goals for Decarbonization est disponible ici. Ce rapport s’inscrit dans le cadre d’un nouveau programme baptisé Kickstarting the Sustainable Recovery et lancé par le pôle Changement climatique de la Banque mondiale, en partenariat avec Innovate4Climate, afin de mettre en lumière les enjeux d’une reprise post-coronavirus durable et d’aider les pays à rebâtir mieux et plus solidement.